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Le 19 avril 2017 s’est tenu à Bruxelles le congrès du MR : « Entrepreneuriat et Diversité ». Ce dernier s’est articulé autour de trois panels. Le premier concernait la jeunesse et l’entrepreneuriat, le second les femmes et l’entrepreneuriat et le dernier traitait des diasporas et de l’internationalisation des PME.

À travers cet évènement, le MR a souhaité écouter les acteurs de terrain et les experts afin de renforcer son positionnement sur la question. Bien que de nombreux obstacles soient encore sur le chemin des entrepreneurs, le MR a décidé de soutenir ceux qui ont la volonté d’agir. La création d’entreprises est  la meilleure façon de redresser notre économie. Le gouvernement fédéral multiplie d’ailleurs les décisions pour encourager la création d’emplois et soutenir les entrepreneurs.

Ce congrès , inauguré par le Président du MR, fut une première : il nous a permis d’associer un certain nombre d’acteurs issus d’univers différents et de récolter de nombreuses suggestions et propositions. L’ensemble de ces  échanges fera l’objet d’une analyse approfondie du centre Jean Gol (centre d’études du MR), l’objectif étant de formuler des propositions et mesures concrètes. Tous les participants à ce congrès ont pu apprécier le foisonnement d’idées portées par nos panélistes. En voici le résumé.

1er panel : Jeunesse et entreprenariat

  • Angelina Chan – Conseillère communale et indépendante

Madame Chan a insisté principalement sur l’importance du volet éducatif. L’école doit se repositionner comme levier de l’esprit d’entreprendre. Cela suppose de promouvoir chez les jeunes des valeurs comme la créativité, l’innovation, l’autonomie et la confiance en soi.

Il est dès lors important de former les enseignants, leur donner l’esprit d’entreprendre pour qu’à leur tour, ils puissent le transmettre.

Angelina Chan a, pour ce faire, deux propositions. Premièrement, initier à l’esprit d’entreprendre dès l’école primaire, au travers de l’utilisation d’outils didactiques. Deuxièmement, inclure l’initiation à l’entreprise dans la formation des enseignants.

  • Abdallah Kanfaoui – Député bruxellois

Monsieur Kanfaoui avance le problème des langues. Le marché du travail est de plus en plus demandeur de multilinguisme, surtout à Bruxelles. La méconnaissance des langues est un obstacle important et est largement source de chômage. Il est donc urgent de s’attaquer aux faiblesses linguistiques afin d’accélérer le retour des personnes sur le marché du travail. Une des solutions serait d’axer ces formations linguistiques sur les métiers et les secteurs professionnels.

En outre, Monsieur Kanfaoui estime qu’il faut également se focaliser sur la mise en place de conditions et statuts favorables au développement de l’esprit d’entreprendre. Le statut d’étudiant entrepreneur, par exemple, est une bonne idée qui nous montre que l’entreprenariat a le vent en poupe auprès des jeunes.

  • Virginie Losson – structure 18/19 (young entreprenors of tomorrow)

La structure du 18/19 est un service régional initié par le ministère de l’économie et de l’emploi. Elle joue le rôle de porte d’entrée de l’entreprenariat à Bruxelles. Ses missions sont la sensibilisation, l’information, l’orientation et l’animation.

Le 18/19 a mis en place un service d’information via un numéro de téléphone et un portail. La fonction d’animation, quant à elle, permet de mettre en contact le milieu entrepreneurial et ceux qui aimeraient se lancer.

L’idée est de faire émerger une pédagogie entrepreneuriale compétente grâce à la formation des professeurs.

Pour permettre aux jeunes d’acquérir les compétences entrepreneuriales, un appel à projet a été lancé le 31 mars. Il met à disposition des jeunes près de 600 000 euros. Le but est d’organiser des actions de sensibilisation, ou encore d’aider ces jeunes à passer à l’acte.

  • Taoufik Amzile – Président de l’association belge des professionnels musulmans

L’école est un facteur crucial qui n’est pas assez associé à l’entreprenariat. Il faudrait introduire une option de sensibilisation à l’entreprenariat dans le système éducatif.

Il est aussi envisageable de mettre en place, à l’instar des classes vertes, des classes en entreprises. Les élèves pourraient alors vivre l’expérience entrepreneuriale et ça leurs donnerait peut-être l’envie d’apprendre.

Pour ce faire, plusieurs formes d’accompagnements sont possibles. Premièrement, il faut favoriser le mentoring d’entreprise. Le système fonctionne sur base d’une entreprise déjà bien établie qui met à disposition d’une startup des moyens généraux (RH, marketing, …). Ensuite, l’idée de chèque startup est à développer. Ces chèques sont des heures de consultance mises à disposition d’une jeune entreprise afin qu’elle les utilise en fonction de ses besoins. Enfin, des solutions peuvent être apportées au niveau du financement. C’est fournir des moyens à des jeunes startups, notamment issues de la diversité.

Conclusion : Willy Borsus – Ministre des Classes moyennes, des Indépendants, des PME, de l’Agriculture et de l’Intégration sociale

L’Idée de l’école comme vecteur de sensibilisation est un  message important.

Il est également ressorti que l’amélioration du statut d’indépendant est crucial pour rassurer les jeunes qui veulent se lancer. Notons que le tax-shelter  fait partie des outils qui sont là pour aider ces jeunes.

“Pour mieux protéger les entrepreneurs, il faut aussi prévoir la possibilité de trébucher. Dans notre culture, celui qui échoue est trop stigmatisé. Alors que dans d’autres environnements, le fait d’avoir échoué est une expérience, une augmentation des chances de réussite dans de prochains projets.”

Il faut cependant continuer les efforts car par rapport aux chiffres européens, le chiffre belge est encore bas.

2ème panel : Entrepreneuriat féminin

  • Hayate El Aachouche – BECI

Aujourd’hui, on estime à près de 30% le nombre de femmes indépendantes, ce n’est pas mal mais il est possible de faire mieux.

C’est vrai que les femmes se sentent seules dans leurs démarches mais au final les hommes aussi car il y a une méconnaissance de tout ce qui existe comme aide aux indépendants.

En ce qui concerne les femmes indépendantes, il y a un phénomène d’auto-discrimination. Les femmes ont tendance à se juger plus défavorablement. Alors que les chiffres montrent qu’il y a plus de femmes qui sortent des universités que d’hommes dans le milieu du travail (76% de femmes contre 66% d’hommes).

Les femmes ont également une aversion du risque. C’est un avantage car on remarque que les entreprises  avec des femmes dans les sphères supérieures réussissent mieux. Mais il y a comme inconvénient qu’elles se lancent moins facilement vers un métier d’indépendant. Plus la protection et la sécurité sociale sera importante, plus il y aura de femmes indépendantes.

Au-delà des jeunes et des femmes, il faut aussi traiter le cas des entrepreneurs handicapés. Leur statut n’est jamais abordé.

  • Hinde Boulbayem – Fondatrice de SUMY

Madame Boulbayem aurait préféré être salariée de son entreprise, et ce surtout pour des questions de sécurité. Avant de se lancer, elle aurait préféré être mieux renseignée sur les risques, notamment en termes de pension et de congé maladie.

Elle conseille d’enrichir le statut d’indépendant pour qu’il ne constitue plus un risque si grand. Il faut renforcer les outils d’information. Il est nécessaire de prendre le temps d’étudier les réalités sociales du statut d’entrepreneur.

Son témoignage démontre aussi qu’au-delà de l’amélioration du statut des indépendants, c’est en valorisant l’esprit d’entreprise dans les familles et à l’école que le tissu de nos PME pourra être développé.

  • Viviane Teiltelbaum – Députée bruxelloise

Les femmes sont trop souvent abordées sous l’angle de la victime, et c’est une démarche positive que de les aborder sous l’angle de l’entreprenariat.

En Belgique il n’y a qu’une femme sur trois qui est entrepreneur. Elles le sont plus souvent dans les dimensions sociales que dans les milieux de l’industrie ou de la technologie.

On sait aussi qu’une femme qui a créé son entreprise aura au bout de 3 ans l’équivalent de trois temps pleins  qui travaillent chez elle pour  l’équivalent d’un temps plein dans une entreprise créé par un homme.

Il ne faut pas non plus oublier que l’entreprenariat est un élément clef dans l’autonomisation des femmes. Elle permet notamment aux femmes issues de l’immigration, ou handicapées, de trouver une place dans la société et de s’y investir.

Les femmes et les hommes sont égaux, mais différents. Du coup il ne s’agit pas de reproduire les formes crées par les hommes mais plutôt de  soutenir des initiatives différentes. Madame Teiltelbaum propose la mise en place du statut d’entrepreneur remplaçant/e. Pour que quand les femmes accouchent ou qu’elles sont malades, il y ait un statut de remplacement pour leurs permettre de concilier vie professionnelle et vie privée

  • Assita Kanko – Conseillère communale à Ixelles et auteure

Une étude luxembourgeoise a été menée sur la performance des entreprises codirigées par des hommes et des femmes. Plus l’équilibre est respecté et meilleurs sont les chiffres. On a aussi constaté que la performance de ces entreprises était meilleure en tant de crise. Les femmes ne prennent peut-être pas beaucoup de risques mais elles sont d’excellentes pilotes.

À Bruxelles, le problème de la pauvreté des femmes est largement répandu. Il y a beaucoup de familles monoparentales et cette situation touche surtout les femmes. L’entreprenariat est une porte de sortie pour des femmes discriminées qui peut aussi leur permettre d’avoir des horaires plus adaptées.

Conclusion : Marie-Christine Marghem – Ministre de l’Energie, de l’Environnement et du Développement durable

 « Une femme n’est pas une autre. Il faut toujours se souvenir que dans chaque enveloppe humaine il y a un être à part et cet être à part a des besoins spécifiques.”

Il est également souhaitable que les systèmes d’aide déjà mis en place soit mieux connu. Ce problème n’existe pas seulement pour les femmes.

Il est donc temps de mieux développer l’entreprenariat féminin car en effet, pourquoi se priver de tous ces talents et cette intelligence ?

3ème panel : Diasporas et internationalisation des PME

  • Kristela Bytyci – DG Research&Innovation à la Commission Européenne

Dans une société multiculturelle, les acteurs issus de la diversité sont un atout pour s’ouvrir à de nouveaux marchés. Les entrepreneurs sont à la base de la dynamique de la société, et ceux issus de la diversité sont ceux qui permettent d’établir des ponts entre les cultures. Surtout à Bruxelles, il y un brassage de personnes venant du monde entier, ce qui va permettre des échanges enrichissants.

Il est également indispensable que nous soyons plus exigeants avec nos partenaires en termes de démocratie, de gouvernance et de respect des droits de l’homme. La diplomatie belge doit continuer à s’assurer que nos entrepreneurs puissent s’internationaliser dans un climat « business friendly ».

Bien avant la question mondiale, la question européenne est centrale. Il y une nécessité d’avoir plus d’Europe, il est donc important de mieux réguler l’harmonie entre les états membres. C’est aussi un problème chez nous puisqu’il y a en Belgique une illisibilité institutionnelle sur laquelle il faut travailler. Le manque de cohésion entre les niveaux de pouvoir complique la tâche pour les entrepreneurs.

  • Sabrina Baraka – Echevine MR à Ganshoren et indépendante

Lorsque l’on sait que seulement ¼ des entreprises s’ouvrent à l’internationalisation on peut s’interroger sur un éventuel manque à gagner.

Chaque semaine ou chaque mois les indépendants issus de la diversité envoient de l’argent dans le pays d’origine. Cet argent est envoyé via des agences de transfert pour la famille. Certains pays vivent sous perfusion de cet argent envoyés via des transferts de fonds des diasporas. On appelle cela les « Remittences ». Ils représentent 432 000 000 de dollars, c’est-à-dire trois fois l’aide public au développement.

Il faudrait penser à un mécanisme qui permettrait aux diasporas qui osent entreprendre d’utiliser une partie de leur transfert d’argent pour créer une entreprise dans leur pays d’origine.

Un deuxième aspect important est celui de la coopération au développement. Il faudrait peut-être voir les outils à mettre en place pour que la coopération et l’aide au développement soit soutenue par le secteur privé.

Par exemple, un mécanisme original a été mis en place par le Mexique et les USA. L’expérience cherche à stimuler la création d’emplois dans les régions d’où viennent de nombreux migrants par un triple partenariat : migrants, pays d’accueil et pays d’origine. Cela permet aux mexicains résidant aux USA de créer une entreprise dans leur pays d’origine. Pourquoi ne pas faire pareil ici.

  • Michel Kempeneers – Inspecteur général Overseas Export-Investment à l’AWEX

Dans le métier de l’exportation, la confrontation à la diversité est directe et il faut s’y confronter avec humilité pour réussir.

A l’AWEX, le programme Babel export a été mis en place pour aider à se lancer dans l’exportation. Le programme se constitue de trois mois de stage dans une entreprise en Wallonie, suivi d’un financement pour lancer le projet de cette entreprise à l’étranger.  On a vu un engouement de personnes issues de la diversité car il permet de valoriser la différence.  Il y avait parfois cependant une réticence d’entreprises étrangères d’avoir un jeune issu de l’immigration qui n’était ni tout à fait belge, ni tout à fait du pays vers lequel il exporte.

Du coup aujourd’hui, il y a une mise en place de duo d’étudiants qui permet d’une part de venir en Belgique et d’autre part d’aller sur le terrain dans le pays. Ce qui permet d’avoir des points d’ancrage. Pour avoir ainsi une diaspora plus riche en Belgique et de développer également des diasporas de Belges à l’étranger.

Quelques infos : https://explort.be/

  • Annie Mutamba – Indépendante et cofondatrice de Meridia Partners

Les diasporas ne se limitent pas à la relation pays d’origine / pays d’accueil. Il faut les intégrer dans un cadre plus global.

Les diasporas, notamment subsahariennes sont un outil de veille à valeur économique importante. Il y a différent types de canaux qui nous permettent de prendre des décisions plus rapidement que si on se limitait aux informations qui nous viennent de nos pays d’accueil. Si on veut aller au fond des choses, certaines informations arriveront plus si on interagit avec différentes diasporas.

Conclusion : Didier Reynders – Ministre des Affaires étrangères, Vice-premier Ministre

“Quand on veut travailler à l’international, il faut penser à utiliser la diversité qu’il y a chez nous. Elle peut être une manière porteuse de travailler ensemble.”

Il faut faire ensemble en sorte que les PME participent aux actions de commerces extérieurs. Ça nous permettra peut-être aussi en revenant des missions de convaincre les politiques de nos régions qu’il est important de travailler sur les accords commerciaux avec des pays afin de continuer à nous ouvrir sur le monde.

Conclusions générales de Charles Michel, Premier Ministre

«  Au cœur de notre projet se trouvent les notions de liberté, de démocratie, et celle de l’état de droit. Elles portent en elles la capacité pour les femmes et les hommes de pouvoir réaliser leurs rêves et de les transformer en réalité. »

Le Premier Ministre a rappelé qu’il y a toujours des contraintes, mais ce qui est porté dans ce message c’est la conviction que la volonté d’avancer doit nous dominer. C’est ce qui est porté par les libéraux qui veulent être les portes paroles de toutes ces personnes.

Nous assumons des responsabilités  fortes, nous avons fait le choix clair pour le pays de considérer que ce qui compte est la volonté de regarder l’avenir.

Le monde se transforme et il offre de nouvelles possibilités pour ceux qui veulent regarder l’avenir avec confiance et optimisme.

Les résultats montrent que ceux qui dénoncent l’impuissance politique se trompent : quand des choix clairs sont faits, les résultats suivent. Depuis 8 ans, le nombre de faillite n’a jamais été aussi bas, jamais autant de personnes sont devenus indépendantes, jamais nous avons été dans une situation où on a créé autant d’emplois dans le secteur privé. Tout cela a été possible grâce à la baisse du chômage, au soutien des activités, à la création d’une fiscalité plus attractive pour les indépendants. Il y a la volonté réelle pour un marché du travail mieux adapté aux réalités économiques.

Le gouvernement fédéral assume, depuis deux ans, des responsabilités fortes. Le choix clair pour l’avenir du pays a été fait de soutenir le développement économique afin de créer des emplois et de stimuler des investissements.  « Vous pouvez compter sur nous et nous comptons beaucoup sur vous également. »